
Vous avez subi un traumatisme de la cheville lors d’une chute ou d’un accident de sport ? Votre médecin a diagnostiqué une fracture du pilon tibial ou des malléoles. Ces os situés à la jonction de la jambe et du pied sont des structures fragiles mais indispensables à la stabilité et à la mobilité de votre articulation tibio-talienne. Le traitement vise à restaurer l’anatomie de la cheville dans les meilleures conditions pour prévenir une instabilité ou une arthrose. Voici les principales options thérapeutiques.
Le diagnostic
La fracture de cheville est une urgence fréquente. Elle survient lors d’un traumatisme en flexion ou rotation forcée (sport, chute, accident). La douleur et l’impotence fonctionnelle sont immédiates. Un gonflement, une déformation et une ecchymose apparaissent rapidement.
L’examen médical recherche des signes de gravité : plaie, ouverture cutanée, trouble vasculaire ou nerveux. La palpation localise les points douloureux sur les malléoles médiale et latérale et le pilon tibial.
Des radiographies de la cheville de face, de profil confirment le diagnostic. Elles précisent le type de fracture (bi ou tri-malléolaire, marginale postérieure), son déplacement, son caractère articulaire. Une tomodensitométrie est parfois nécessaire avant la chirurgie.
Le traitement orthopédique
Un traitement non chirurgical est proposé pour les fractures stables, non ou peu déplacées, extra-articulaires. Il comporte :
- Une réduction initiale par manœuvres externes pour corriger une bascule ou une rotation
- Une contention par botte plâtrée ou orthèse pendant 6 semaines pour immobiliser la fracture
- Une rééducation précoce pour prévenir la raideur et l'atrophie (mobilisation active à J15)
- Une radiographie de contrôle à 6 semaines pour vérifier la consolidation osseuse
- Un sevrage du plâtre et une reprise d'appui progressive sous couvert de la rééducation
Un traitement chirurgical secondaire peut être nécessaire en cas de déplacement des fragments (perte de réduction) pour restaurer la congruence articulaire et la stabilité de la cheville.
Le traitement chirurgical
Les fractures instables et déplacées, en particulier articulaires, sont traitées chirurgicalement. L’intervention se déroule au bloc opératoire sous anesthésie locorégionale ou générale.
Deux techniques sont utilisées, seules ou combinées selon le type de fracture :
- Ostéosynthèse par plaque vissée : après réduction, le chirurgien applique une plaque métallique sur la face externe des malléoles et du tibia, fixée par des vis. Cette technique compresse et stabilise les fragments dans les fractures extra-articulaires peu comminutives.
- Brochage ou vissage : des broches métalliques sont implantées de part et d'autre du trait de fracture et maintenues en place par des vis. Cette technique mini-invasive est utilisée pour les fractures articulaires du pilon et les fractures malléolaires.
L’intervention dure 1 à 2 heures. Le chirurgien vérifie la réduction et la stabilité par amplificateur de brillance. La plaie est refermée. Un plâtre est mis en place pour 6 semaines.

Les suites opératoires
Vous êtes hospitalisé 2 à 3 jours après l’intervention. Un traitement antalgique et anticoagulant vous est administré.
La rééducation est débutée dès que possible pour réduire l’œdème et la douleur par du drainage lymphatique et des massages cicatriciels. La mobilité de la cheville est entretenue par des mouvements actifs assistés en flexion/extension. Après consolidation, le travail musculaire et proprioceptif est intensifié pour restaurer la force et la stabilité. La reprise d’appui se fait vers la 6ème semaine sous couvert du physiothérapeute.
Reprise des activités
L’arrêt de travail dure 6 à 12 semaines selon votre profession. La conduite automobile est reprise après 2 mois. Les activités sportives légères (natation, vélo) sont possibles à partir du 3ème mois et les sports d’appui (marche, course) vers le 6ème mois.
Votre chirurgien évaluera la consolidation osseuse et la récupération fonctionnelle pour adapter ce délai. Le matériel d’ostéosynthèse peut être retiré après 1 an en cas de gêne.
Quels sont les risques ?
Comme toute chirurgie, le traitement d’une fracture de cheville comporte des risques :
- Infection du site opératoire (<1%) prévenue par une antibioprophylaxie
- Phlébite nécessitant un écho-doppler veineux et un traitement anticoagulant
- Déplacement secondaire ou pseudarthrose nécessitant une reprise chirurgicale
- Raideur de cheville ou pied douloureux chronique pris en charge par la rééducation
- Arthrose tibio-talienne à distance (10 à 20%) en cas de fracture articulaire complexe
Dr Richard fera des visites régulières pour dépister et traiter au mieux ces complications. Suivez ses recommandations et celles de votre physiothérapeute pour obtenir le meilleur résultat fonctionnel.
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